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Toute une vie à l’heure…
Franck Magloire – Ouvrière – Editions Point Seuil
Toute une vie à la chaîne, celle d’une usine dont le nom a pénétré toutes les cuisines. Pendant trente ans avant que l’aube ne pointe, l’héroïne de ces pages va s’y arrimer. A Moulinex, Franck Magloire oppose Ouvrière, bien plus qu’une revanche ou une victoire, c’est là un grand livre. Et le découvrant, on désire que ce texte lui aussi entre dans toutes les maisons. Un espoir autrement plus juste que ce nom donné à la zone industrielle dite de l’Espérance, où se rend la mère de l’auteur quand tous dorment encore. « Je ne veux pas fixer et transporter trop d’empreintes de l’usine sur moi ni en disperser dans toute la maison… pour moi, pour mes enfants, je veux garder une bonne image… le temps pour romancer m’est compté… il est cinq heures trente du matin et il me faut aller travailler, je dois être à l’heure. » Alors que le fils écoute sa mère, et décortique sa pensée, écrit sa pudeur et sa dignité, elle, se « rappelle les moments où nous étions deux en un, et que je passais ma main en rond sur lui. » Une femme raconte, elle se raconte, jamais elle ne se pose en juge ou en victime mais tout autant que son fils qui l’écoute et sait si bien nous la donner à entendre, combien elle nous élève. Ce livre est une rencontre, après on se débrouille comme on peut avec notre indifférence, nos approximations, une lâcheté, et on la suit cette femme les yeux grands ouverts parce qu’avec elle, oui, les mots débordent de la page, ils débordent de son âme et ils nous entourent. On pense à Maupassant, à son « La vie n’est jamais si bonne ni si mauvaise qu’on le croit», à ce que l’existence ici a d’immense et de terrible. Immense la parole d’un fils tout entier à sa mère, terrible la violence de chaque jour toutes ces années de servitude, pour une paye, pour garder son travail, avoir un toit, quand un jour on a été cette jeune fille dans les bras de son premier amour avec « L’impression d’une feuille de papier qui se détache suivant les pointillés… Je ne pouvais dire exactement si quelque chose commençait, ou bien se terminait. » Mais elle le dit exactement ce matin troué de nuit où elle est allée jusqu’à L’Espérance demander une place à l’usine.
Franck Magloire – Ouvrière – Editions Point Seuil
Lire la suiteEt la boucle… n’est pas bouclée…
Shmuel T. Meyer – Le périmètre de l’étoile – Editions Gallimard
Cela débute par un shampoing et une coupe rafraîchissante au rasoir dans le salon de coiffure de Shlomo Weinberg. Père et fils côte à côte « des jumeaux capillaires » mais voilà la guerre des Six-Jours passe par là ou plutôt une balle perdue et c’est ainsi qu’un jeune garçon se retrouve chez un coiffeur pour dames ! Pas exactement à sa place…
Lire la suiteLa mariée était trop belle…
Gustave Flaubert – Madame Bovary – Editions Folio
Elle est toujours surprenante l’emprise d’un chef-d’oeuvre. On y revient presque sur la pointe des pieds, redoutant que cette fois, parce qu’on l’a déjà lu et relu, parce que tout a été écrit sur ce roman, et beaucoup à partir de ce roman.
Lire la suiteEclairer les plus intenses obscurités…
Russel Banks – De beaux lendemains – Editions Actes Sud
« Notre façon de considérer la mort dépend de l’image qui nous en est préparée par nos parents et les gens qui les entourent, et de ce qui nous arrive au tout début de notre vie. Et si on avait une juste conception de la mort – comparable à la certitude qu’on a de la réalité des impôts,
Lire la suiteEcrire, dire, lire…
Flore Grimaud – Je descends souvent dans ton coeur – Editions Les Cygnes
Voilà un texte pour le théâtre, pour la scène, pour être entendu à voix haute, et on le lit par coeur, comme ces poésies que l’on apprend enfant pour partir sur les traces de la beauté. Chaque page ici fourmille d’idées, d’inventivité, d’énergie et d’un chagrin, celui de Perle, non pas face mais avec quasi dans sa mère qu’un cancer grignote à long feu.
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