Au fond des puits précieux gisent des clés…
Ici est le pays sauvage, le pays solitude. On s’y sent parfois plus près du cœur.
Ici est le pays caillasse, la terre rare et pauvre n’y retient pas la pluie. Le soleil y polit ses os, le sang se calcifie, le cœur ralentit, la parole s’épuise. Le regard se creuse pour accueillir ce que les mains ne savent retenir.
Ici pourtant en ce sobre écrin le ver encore luisant voit fleurir l’orchidée rare. Au pied des chênes, des diamants noirs dorment en rond, se dressent soudain, mégalithes plus anciennes que la mémoire. Dans les souches les murets vivent des créatures cachées, peut-être des gnomes ou bien des fées, des êtres de sève et de lune.
Ici les amis finissent à poils ou à plumes et on se surprend à parler aux herbes.
Ici l’obscurité a des reflets. Au fond des puits précieux, gisent des clés, mais rien ne se dit, tout se tait. Ici s’achèvent les cycles, grande mer minérale, sa longue chevelure agitée d’oiseaux.
D’ici on ne repart plus, les jambes prises, langueur ensorcelée que seul le vent sait rompre. Pour partir il faut des ailes, les ailes sont si lentes à pousser et la nuit exhibe ses étoiles, si vous saviez, il y en a tant, étranges cristaux rivés au triangle obscur du ciel.
Ici est le pays des mondes souterrains, méandres secrets, sources blanches, tanières où veille le gibier des rêves.
Ici est le pays où on est seul ensemble.