Antoine devient Thierry sur la route des cow-boys…
Malika Wagner
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
Le chemin qui remonte vers la civilisation s’appelle la route des cow-boys. Sans doute parce que ne s’y aventurent que des marcheurs, déterminés à admirer un beau paysage, ainsi que les chiens de la ferme voisine, un mâle et une femelle que j’ai rebaptisés Bimbo et Lola. Isabelle trouve que c’est cool. Son petit garçon un peu moins ; il tient à la véracité des prénoms canins et ne comprend pas que l’on dise n’importe quoi. Dans ce cas, pourquoi appeler cette route de campagne, route de cow-boys ! On n’y voit ni Peaux-Rouges, ni diligences, encore moins de revolvers. Parfois un tracteur et les fusils des chasseurs. C’est quand même abusif de l’appeler route des cow-boys pour si peu ! Mais je préfère me taire. J’ai un personnage, chef de chantier, qui s’appelle Antoine. Antoine en chef de chantier, c’est comme la route des cow-boys : pas du tout logique. Isabelle réfléchit en allongeant sa foulée de géante pendant que je trottine à côté. Tu as raison, il faut trouver un autre prénom. Raymond ? Trop vieux. Philippe? Bof. J’avais pensé à Jérôme mais elle rétorque : pourquoi pas Thierry ? Illico, voici mon petit gros dégarni qui repasse devant l’état-civil.
Un peu plus tard j’ai demandé à Isabelle : la route des cow-boys, tu ne sais vraiment pas pourquoi on l’appelle comme ça ?