Les rapaces, paraît-il, hennissent dans les bois…
Angélique Villeneuve
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
Tu me racontais le Lot où tu allais enfant, l’été, chez ta grand-mère maternelle. Tu me racontais les rapaces qui, là-bas paraît-il, hennissent dans les bois comme le font les chevaux, tu me disais la truffe qu’un jour tu avais découverte en creusant sous un chêne et que l’on t’avait confisquée, tu me disais les chemins de buis et de genévriers, la mousse.
Tu me jurais qu’en juillet, après la pluie les routes du Quercy se mettaient à fumer. Et à peine cette phrase sortait-elle de ta bouche qu’une Gitane s’y précipitait. Je garde encore dans les narines l’odeur de la gigantesque bouffée soufflée dans ma figure. Je ne toussais Pas. Je me glissais dedans. Douchés de cette fumée, presque disparus tous les deux, réunis, nous tracions à notre façon la route après les ondées. A ma demande, tu imitais aussi le merle, tu disais que lorsqu’on entend cet oiseau-là chanter ça veut dire qu’on a la belle vie mais qu’on l’a oubliée.