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Maison d'écrivains (le Blog)

A livre ouvert avec Angélique Villeneuve

A livre ouvert avec Angélique Villeneuve

Angélique Villeneuve viendra en juin à la maison De Pure Fiction pour son sixième roman. Le cinquième, Les Fleurs d’hiver vient de sortir aux éditions Phébus. Avec cette auteure on est dans la littérature avec un grand L, il suffit de lire ses précédents livres Un territoire et Grand Paradis.

 

 

Racontez-nous où commence un livre

Un livre commence partout. Entre deux livres, deux écritures je suis très vide, je me sens comme une éponge affamée. J’aspire tout. Au bout d’un moment, je m’aperçois même que ce que je lis ici ou là, ce que je vois, est analysé, au moins l’espace d’une seconde, comme sujet potentiel de livre. Y compris les choses les plus idiotes (tiens, une allumette. Un livre sur les allumettes, c’est bien, non ?)
Et puis, enfin, le vrai sujet prend forme.
Pour mon dernier livre, Les Fleurs d’hiver, je peux dater exactement le moment où l’idée est vraiment née. C’était en octobre 2012, au salon du livre de Saint-Laurent-sur-Saône. Je venais de lire la quatrième de couverture du premier roman de ma voisine de table, Virginie Ollagnier, Toutes ces vies qu’on abandonne. Ça parlait d’une jeune novice qui, pendant la guerre de 14, doit s’occuper d’un blessé revenu catatonique des combats.
En cinq secondes, mon idée était faite. Je voulais écrire sur la blessure et sur le regard qu’on porte sur elle, sur la peau, sur le désir, sur le silence. Avec, bien sûr, une femme qui serait au centre de tout cela, puisque mon travail porte obsessionnellement sur le corps et le ressenti des femmes.
J’en ai discuté avec Virginie Ollagnier (nous avons parlé des gueules cassées, en particulier), et elle m’a poussée à creuser dans cette voie.

Avez-vous des rituels d’écriture ? Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de quand on écrit

Je n’ai pas vraiment de rituel, non. Je n’avale pas des litres de thé vert, je n’écris pas à la plume, ne travaille pas dans les trains ni dans les cafés, ne dicte rien sur un dictaphone, n’écris pas toutes les nuits en secret. Je travaille de jour, de façon très banale, dans mon bureau qui donne sur les branches d’un cerisier, face à la rue. J’ai la chance de pouvoir ne faire que ça. Écrire. Même si, et de très loin, je n’en vis pas…
Il n’y a que lorsque je fais des recherches, finalement, que j’ai des manies. J’ai des cahiers, toujours à spirales, sur lesquels je recopie à la main, même si ça me prend des semaines, des mois. Même si, ensuite, je peste parce que je ne retrouve pas, dans mes centaines de pages, LE minuscule détail dont le souvenir me taraude. Parce que comme ça, j’en retrouve d’autres. Parce que ça m’apprend à être patiente, à davantage me laisser faire.
Et puis j’aime le geste de la main, toujours.

Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors ?

À moins que je ne sois plongée dans des recherches, je m’aperçois que j’ai du mal à lire des heures d’affilée. Bien sûr, puisque j’écris, je lis beaucoup (j’aime aussi énormément acheter des livres, c’est affreux), et pour autant je ne lis jamais assez.
Dans les livres, je cherche une langue, une exigence. J’aime admirer ce que je lis. Que les auteurs me tirent vers le haut, me montrent à quel point ils sont mille fois plus forts que moi, et incroyablement dans la vérité de la langue.

Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?

Oh, si j’étais une phrase, je crois que je serais une question. Je choisis celle-ci : « Et si vous deviez être une phrase, quelle serait-elle ? » Elle me parait bien.

Racontez-nous votre Il était une fois… une maison d’écrivains

Angélique Villeneuve

J’ai fait il y a presque dix ans un premier séjour dans une résidence d’écrivains, pour commencer à écrire ce qui est devenu, par la suite, Grand Paradis, mon troisième roman. Ensuite, tout ce que j’avais fait là-bas a disparu lorsque mon ordinateur m’a été volé une fois rentrée chez moi (depuis, je fais des copies…).
Pour cette fois, c’est Cécile Coulon qui a attiré mon attention sur la maison De Pure Fiction. Ensuite, tout s’est déroulé comme si ça tombait sous le sens que je m’installe dans le Lot au mois de juin; les échanges par mail avec Isabel Desesquelles qui est à l’origine de ce lieu se déroulant dans une incroyable harmonie. Je ne suis pas encore là-bas, mais je suis déjà bien, je sais que je vais être bien, sous un œil bienveillant, et que je vais travailler dans des conditions idéales.

Aux mots nature et horizon, à celui de Lot ou Midi-Pyrénées, par quels mots répondez-vous ?

À nature et à horizon, je répondrais évidence, éblouissement, colonne vertébrale, enfance, fondations, ravissement. J’ai été une petite fille un peu sauvage, j’ai grandi dans les herbes, avec les mouches et les têtards. À Lot et Midi-Pyrénées, je répondrais inconnu, nature, horizon, excitation de la découverte, curiosité, certitude que tout ce que je vais voir, sentir et ressentir, en moi sonnera juste.

Vous ferez quoi Angélique Villeneuve quand vous serez grande ?

Grande ? C’est quoi ? Désolée, mais ça, je ne suis pas sûre d’y parvenir.