A livre ouvert avec Tanguy Viel
L’empreinte d’un écrivain quand il a écrit son grand livre est indélébile. Tanguy Viel a commis Article 357 du code pénal, et il pourrait bien récidiver…
Le prochain livre est en route et il a commencé ici en terre De Pure Fiction.
Racontez-nous où commence un livre
Je me demande si un livre commence vraiment un jour. Souvent j’ai l’impression que je n’ai pas encore commencé qu’advient le jour où je me dis : tiens il est fini ? Alors rétrospectivement j’invente son début, je me fais croire que ce fut un paysage ou bien une couleur ou bien un état mental, et bien sûr c’était tout ça à la fois.
Avez-vous des rituels d’écriture ? Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de « quand on écrit »
Pour moi, ce n’est pas suspendu du tout, plutôt arrimé à une table de travail, avec les bras attachés dans le dos. La suspension, c’est plutôt quand on n’écrit pas et qu’alors à chaque instant la montgolfière risque de s’envoler. Et c’est encore plus vrai quand une phrase advient : elle fait comme un filet qui capture l’air autour.
Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors ?
Je crois que je suis tout à fait moi-même, parce que je ne sais pas lire autrement que narcissiquement, dans l’enquête miroir de mes préoccupations enfin révélées dans le texte de l’autre. Je ne connais pas d’entreprise plus réfléchie, plus consciente que la lecture. C’est un endroit étrange bien sûr car cette conscience tenace est sans cesse arrachée à elle-même et alors c’est comme s’il y avait une sorte d’espace aérien où le livre et le cerveau font toutes les figures possibles, aussi bien de combat que d’amitié.
Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?
« Nous étions à l’étude quand le proviseur entra. »
Vous ferez quoi Paola Pigani quand vous serez grande ?
De la politique.