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Maison d'écrivains (le Blog)

Accepter des textes que je n’aurais jamais osé aborder sans elle…

Accepter des textes que je n’aurais jamais osé aborder sans elle…

Sylvie Germain – Jours de colère – Editions Gallimard

Je suis devenu un inconditionnel de  Sylvie Germain en lisant Jours de colère. Le roman commençait par un exposé évoquant une alternative. Au moment où je m’inquiétais de sa longueur, un mot final : selon, terminant le paragraphe me laissa en plan, à décider tout seul de quel coté pencher. J’étais conquis. J’ai dévoré tous ses livres de la même veine : Le livre des nuits, Nuit d’ambre,  Magnus, etc.  Je lisais jusqu’alors peu de romans par respect pour ce vœu de mon adolescence qui considérait que la fiction détourne de la recherche de la vérité,  que la vie est trop courte,  la vérité trop difficile à atteindre pour passer son temps à lire des romans.

Sylvie Germain m’a fait accepter des textes que je n’aurai jamais osé aborder sans elle. La pleurante des rues de Prague est un récit subjectif, poétique et irréel, ennuyeux pour nombre de mes amis. Avec elle, j’ai découvert que le fantastique dans les comportements, la subjectivité dans les pensées, l’irrationnel des décisions humaines, le rêve en prolongement de la vie ne contredisaient pas forcément mes convictions et mes repères.

Au-delà des romans, son mysticisme, son immense spiritualité conduit Sylvie Germain à aborder la question de Dieu en dehors de l’enseignement des églises. Cet extrait résume bien pour moi, les réflexions, le doute, les hésitations et la profondeur de sa pensée : « Mais alors, qu’en est-il  d’un tel Dieu ? Car, s’il est à ce point démuni, dépouillé de tout pouvoir et de toute gloire, réduit à un mince soupir dans le vide, il se trouve certes disculpé de tous les maux de la terre, innocenté des crimes commis à foison par les hommes, mais n’est-il pas ainsi un peu trop blanchi? Blanchi jusqu’à la transparence, la viduité, l’absurde ?   Blanchi au point de ne plus être rien. Peut-on encore appeler Dieu ce brimborion à bout de souffle ? Car si sa toute-puissance le plaçait au premier rang des accusés, sa toute-impuissance ne vaut guère mieux qui le déclasse au dernier rang des incapables.»

Sylvie Germain – Jours de colère – Editions Gallimard