Pousses…
Philippe Annocque
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
Quand je n’écris pas, je marche. Et pour une fois je ne marche pas dans les hautes futaies. Ici les chênes sont bas, et comme on est en novembre leur feuillage est d’or. Leurs branches, comme toutes les branches d’ici, même celles des buis, toutes les branches sauf celles peut-être du fragon petit-houx, s’enguirlandent de lichen d’argent comme nulle part ailleurs je ne l’ai vu. La roche est là, sous les pieds, en murets de pierre sèche aux angles nappés de mousse. La mousse, elle, est partout ; elle crêpe les troncs des chênes ; elle dessine au-dessus de soi des sentiers et des voûtes d’un autre monde ; elle pend aux branches comme sur les dessins que je faisais enfant, quand sans le savoir je me souvenais d’un voyage que je n’avais pas fait encore.