Devant la pierre à silence…
Paola Pigani
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
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Il y a un champ d’oiseaux sous mes fenêtres
Tous, merles, alouettes, passereaux viennent se nourrir au sol
Un tapis d’ailes que la moindre menace
Fait claquer au soleil
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C’est une grande pierre plate,
Une dalle, une stèle?
Je ne sais pas la nommer
Je la baptise pierre à silence
Parce que les oiseaux ne s’y posent pas
Une pierre si lisse et inutile ne peut-être qu’une pierre à silence.
Elle est plantée au bord du champ d’oiseaux
Où les merles viennent par dizaine avec des alouettes
J’y dépose des graines de courge et des pépins de pommes, poires
En vain
Je pense au champ des merles du Kosovo
A cette bataille de 1389 qui opposa des princes chrétiens des Balkans contre l’empire Ottoman
Ici l’herbe est écrasée de pluie, à peine foulée par les renards
Ici la paix ne laisse pas de traces
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Le vent est mon évènement
Je n’écris qu’à la lumière du jour
Après la pluie
Les oiseaux se font rares