A cause des oiseaux…
Paola Pigani
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
7 /
A cause des oiseaux
Ce matin j’ai posé sur la pierre en lisière du pré
Une poignée de grosses graines du potimarron cuisiné hier
Un rouge-gorge arrive en premier
Peine perdue
Une seule graine l’étoufferait il n’est pas fou
Un pipit, une alouette ne s’y risquent pas
Ils plongent le bec en terre pour se nourrir de vermisseaux
Je suis leurs petits sauts, des vols low-coast allers-retours
Je ne sais s’ils font trembler la terre ou le ciel
L’air, les branches ou tout à la fois
J’en perds le fil de mes phrases
Le temps de revenir au silence de l’écriture qui n’en est pas un
J’ai le regard heureux
Je joue le jeu de la patience : rester sans bouger derrière la baie vitrée
Où le moindre de mes mouvements briserait l’élan de l’oiseau
8 /
Au milieu des miettes de la veille
Un rouge-gorge vient poser mon bonheur
9 /
L’œil blanc du soleil
Dans le ciel d’hiver.