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Maison d'écrivains (le Blog)

A livre ouvert avec Jean-Noël Pancrazi…

A livre ouvert avec Jean-Noël Pancrazi…

Jean-Noël Pancrazi  présentera son nouveau livre Indétectable à la librairie Ombres Blanches le jeudi 13 mars. Il était aussi l’un des quatre-vingts écrivains invités du festival littéraire à Montauban, Lettres d’automne. Nombre des textes de Jean-Noël Pancrazi laissent leur empreinte. La montagne, Madame Arnoul, Long Séjour, quelques pages et tant est dit.

 

 

Racontez-nous où commence un livre

Cela commence par une émotion. Elle peut venir vous surprendre, là, dans l’instant ou remonter de très loin. Elle peut s’évanouir bien sûr aussi vite qu’elle est apparue. Mais si elle dure, si elle s’inscrit dans votre tête, si elle amène d’autres émotions, cela est le signe qu’un livre peut arriver. Le tout est de voir si elle est suffisante pour engendrer un texte. Il faut la mettre à l’épreuve, cette émotion, pour savoir si elle est importante ou non, assez large et profonde pour donner naissance à un livre.

Avez-vous des rituels d’écriture ?  Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de quand on écrit

Pas de rituel, sauf un, deux ou trois cafés… Bien sûr, le temps est comme suspendu quand on écrit. Mais c’est le temps tout entier qui est là, quand on travaille, le passé, le présent, l’avenir, même flou. Tous les temps se rencontrent. Ils se donnent la main. Jamais on n’a autant de souvenirs que quand on écrit ; jamais on n’éprouve une perception aussi claire du présent, auquel on est ( parfois trop ) perméable ; jamais on n’ est aussi inquiet sur le devenir des choses. C’est comme une insolation consentie. On vous dit que cela va vous faire du mal de rester au soleil ; mais vous restez quand même.

Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors ?

Quand je lis, je suis beaucoup plus distrait. Je m’arrête souvent, je rêvasse. J’aime les silences d’un auteur, ce qu’il nous laisse murmurer à sa place. Rien de mieux que les livres qu’on admire, qu’on laisse, qu’on reprend, qu’on oublie, qu’on retrouve ; ce sont eux qui comptent ; ce sont les belles parenthèses de la vie.

Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?

Jean-Noël PANCRAZI © C. Hélie Gallimard

Jean-Noël PANCRAZI
© C. Hélie Gallimard

Le vent se lève ; il faut tenter de vivre.

Racontez-nous votre Il était une fois… une maison d’écrivains

IL était une fois un petit garçon, un peu secret, fier et malhabile, qui aimait écrire ses rédactions dans la cour de la grande Maison des Aurès et qui était toujours hors sujet. Mais cela lui était égal ; il se sentait protégé par le soir, par la nuit qui arrivait. C’est bien, les maisons d’écrivains. Tous les écrivains ont besoin qu’on leur offre un lieu, un temps, pour être tranquilles avec eux mêmes, faire de leur mieux, se sentir à l’abri. Ils ont assez en eux de menaces intimes, celles qui existent ou celles qu’ils inventent.

Aux mots nature et horizon, à celui de Lot ou Midi-Pyrénées, par quels mots répondez-vous ?

Le Lot, c’est, bien sûr, la beauté de la nature, de l’horizon, mais c’est surtout la beauté des gens qui l’habitent, leur grandeur discrète, leur esprit très ouvert, leur coeur élégant. J’ai été si bien accueilli toujours dans la Région. C’est, pour moi, un repère affectif

dans ma vie d’écrivain.

Vous ferez quoi Jean-Noël Pancrazi quand vous serez grand ?

Mais je n’ai jamais grandi ! J’ai essayé, je me suis un peu adapté, mais j’ai gardé les mêmes joies, les mêmes tourments qu’à sept ans ; et à présent : un peu d’écriture, un peu d’amour, et la vie.