A livre ouvert avec Célia Houdart
Le Scribe est paru chez P.O.L au printemps dernier, sale saison pour les livres. Lors de sa résidence à la maison De Pure Fiction, Célia Houdart écrivait « Les auteurs que j’aime réussissent à me faire comme toucher du doigt les objets, voir des couleurs ou des textures, qui donnent de la chair à ma propre vie. » Exactement ce que l’on ressent à la lire.
Racontez-nous où commence un livre
Quand des images, une suite d’images, persistent, insistent en moi. M’invitant à les considérer d’un peu plus près, pour les consigner quelque part. J’écris pour qu’elles cessent de me hanter.
Avez-vous des rituels d’écriture ? Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de quand on écrit
Je n’ai aucun rituel. J’aspire au calme simplement, longuement ou régulièrement. Si possible les deux à la fois. C’est un temps très concret, très physique, pour lequel parfois je me prépare. J’essaie d’être en forme pour écrire car cela demande de l’énergie. C’est un peu comme partir marcher à la montagne, en haute montagne.
Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors
Un bon livre me donne le sentiment d’être en vie parmi les choses du monde. Je ne m’identifie pas tant que cela aux personnages. Mais les auteurs que j’aime réussissent à me faire comme toucher du doigt les objets, voir des couleurs ou des textures, qui donnent de la chair à ma propre vie. L’écriture donc, plus que les personnages, agissent sur moi.
Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?
Je n’arrive pas à me penser en tant que phrase. J’imagine plutôt un stock (une nuée ?) de mots, d’images et de sons qui bougeraient, se réagenceraient. Se télescopant, se brouillant aussi parfois.
Racontez-nous votre Il était une fois… une maison d’écrivains
Ce qui est beau au Grès Bas, c’est que nous sommes dans une vraie maison. Avec des livres. Beaucoup de livres. Ce qu’il faut pour cuisiner – espace, ustensiles. Et une vue.
Aux mots nature et horizon, à celui de Lot ou Midi-Pyrénées, par quels mots répondez-vous ?
Une grande baie vitrée coulissante. Une autre dans le prolongement qui cadre largement le paysage. Au loin, si loin qu’on ne le voit pas, on le devine, le Lot. Avec son chemin de halage et des rochers rouges et noirs en surplomb, qui suintent quand il pleut.
Vous ferez quoi Célia Houdart quand vous serez grande ?
Et si l’on grandissait sans forcément devenir grand ? Grandir en devenant soi, comme on peut.