En résumé…
Célia Houdart
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
Je me penche et je lace mes chaussures de marche. Je cherche, en tournant de diverses manières la clé de contact, comment faire démarrer une Smart noire. J’enclenche la bouilloire. On me soulève le fil électrifié d’un parc à moutons. Je ramasse une pierre au dessin bizarre. On m’apporte plusieurs parts d’un gâteau moelleux. Je fais basculer par la tranche Jeune fille de Anne Wiazemsky dans l’édition blanche de Gallimard pour l’extraire des rayonnages de la bibliothèque. Je chasse une mouche. Je tourne une idée dans ma tête. J’ouvre le dictionnaire Robert 1. Je fais se télescoper deux images. J’écrase entre le pouce et l’index une feuille de menthe qui sent le vert mais pas la menthe. On me montre un pied de menthe kabyle pour le thé. Je l’admire sans oser y toucher. Je guette des salamandres dans une grande flaque noire et je vois des lentilles d’eau. J’essaie de me remémorer la forme exacte des rochers qui forment comme des dalles et le parfum d’un jardin d’agrumes à Roquebrune-Cap Martin.