Dans les tripes d’un écrivain…
Un voyage à Berlin
Hugo Hamilton – Editions Phébus
« Je suis convaincu que la tristesse devrait nous être enseignée. » C’est parce que l’on a tant aimé Chimères le roman de l’irlandaise Nuala O’Faolain que l’on ouvre ce livre. Hugo Hamilton, écrivain sensible, et proche de l’auteure irlandaise nous la donne à lire ici en composant un patchwork réussi fait de leurs allégresses et désenchantements respectifs. Plus qu’un hommage, il écrit une ballade entêtante pour celle dont une âpreté aussi, dit le caractère bien trempé. Frappée d’un cancer foudroyant, Nuala O’Faolain réclame un voyage, encore un avant le dernier, avec pour compagnon et infirmier de l’âme Hugo Hamilton, elle qui avait éprouvé « toujours le besoin de se retrouver seule. Le besoin d’être elle-même. C’était sa plus grande angoisse : ne pas être elle-même, être bridée par les gens qu’elle aimait. Et la solitude était la forme la plus pure de cette affirmation de soi. » A Berlin, plus qu’à un futur qu’elle ne connaîtra pas, elle va dire au-revoir à un passé qui n’a eu de cesse de la dévorer et de la propulser aussi. « Ma seule manière de garder quoi que ce soit de mon existence, c’était de le coucher dans un livre…Tu te sens responsable de ton père et de ta mère. Tout ce qui leur arrive t’arrive. Lorsqu’ils ont peur, tu as peur. Lorsqu’ils sont heureux, tu es heureux. Et lorsqu’ils sont incapables de parler des choses, tu deviendras à ton tour incapable d’en parler. » Et elle raconte tout Nuala, et d’abord dans ce livre qu’un autre aura écrit pour elle. Elle nous raconte nous car « c’est tout ce que nous sommes, des histoires ambulantes. Nous sommes à la merci de nos histoires, de nos enfants et de nos familles. Les histoires cachées. Les histoires que nous sommes contraints d’inventer parce qu’elles nous ont été tues. »
Un voyage à Berlin – Hugo Hamilton – Editions Phébus