Sa légitimité d’homme, tout se délitait…
L’année de l’éclipse – Philippe de la Grenadière
Editions Sabine Wiespieser
« Il ne comprenait plus le monde, ne l’aimait plus. Ou plutôt c’est ce qui le minait, il ne s’aimait plus. Tout ce qui l’avait animé jusque-là, et comme sexué, le goût, la passion qu’il avait nourri pour la vie, et qui en retour l’avaient constitué en tant qu’être vivant, lui avaient donné cette place qu’il avait longtemps penser occuper ici-bas, bref, sa légitimité d’homme, tout se délitait, partait en lambeaux. »
Basile a 50 ans et erre dans les rues d’un Paris fantasmagorique en quête d’un sens, dans un monde qui lui en paraît dorénavant dépourvu. Et même si sa femme, déçue des utopies partagées, l’a quitté, même si sa fille lui semble trop éloignée, même si ses séances hebdomadaires chez son psychiatre ne le mène pas sur le chemin qu’il avait espéré, Basile veut croire encore, dans un sublime désarroi et un élan de conscience, à la beauté de l’humanité et au pouvoir de la philosophie. Car » la haine de soi, ou la haine du monde, même s’il les vivait, c’étaient là des sentiments contraires à sa morale quasi inaudible pour le musicien qu’il était malgré tout. » Épopée philosophique et dérive amoureuse, odyssée d’un professeur en rupture avec son univers, qui le conduit vers une nouvelle jeunesse en un surgissement d’érotisme, L’année de l’éclipse, est un roman éblouissant, contemporain, héroïque et sensuel. C’est bien au travers de l’amour d’une rencontre et dans l’exaltation de la fusion des corps, que l’intelligence du narrateur se voit de nouveau éveillée. Shaadi est une jeune iranienne, vivante et vertigineuse, avide de désir « jusqu’aux limites du possible, de l’humain. »
Philippe de la Grenadière livre un roman total, décrivant dans les moindres détails, la trajectoire de son personnage, avec ses doutes et ses révélations, ses instants de fièvre. L’ouvrage est intense, audacieux, ode à l’amour et à littérature.
L’année de l’éclipse – Philippe de la Grenadière – Editions Sabine Wiespieser