A livre ouvert avec Frank Deroche
Suite à Bio et Euphorie, ces deux précédents livres publiés chez Gallimard, Frank Deroche était au début de l’été à la maison De Pure Fiction pour y écrire un nouveau roman.
Racontez-nous où commence un livre
Un livre ne commence qu’à la toute dernière phrase, quand il est terminé ! Là où l’on peut observer ou vivre ce que l’on a écrit, parfois plusieurs années après sa publication. C’est une loi très étrange, presque quantique : tout ce que l’on a imaginé avec émotion finit par se matérialiser. Je crois que je n’écris maintenant que pour cette expérience : rencontrer mes personnages, connaître les situations que j’ai décrites, entendre les dialogues que j’ai composés.
Avez-vous des rituels d’écriture ? Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de quand on écrit
Comme beaucoup de plantes, l’inspiration a moins besoin de terre que de soleil. J’avais des rituels et des manies de petit vieillard pour mes premiers romans. J’étais doloriste. Il fallait des contraintes, de la discipline, souffrir à chaque phrase… Aujourd’hui, je ne crois qu’à l’inspiration, au sens le plus mystique du mot. Mon seul rituel pour la trouver est d’attendre d’être de très bonne humeur. Et je le suis de plus en plus souvent ! Il n’y a pas une serrure dont la bonne humeur n’ait la clé. Plus de travail, jamais plus. De la légèreté.
Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors
C’est un cliché, mais je le ressens vraiment quand le livre est réussi : je suis en vacances. Vacance de moi-même, de mes propres romans. Je flotte dans une sorte de conscience cosmique. Rien de matériel ne se mêle à mon extase, aucune préoccupation terrestre n’en altère la pureté. Je suis un enfant, je n’ai plus cet œil de professionnel – ou de prof que j’aurais pu être – qui cherche à tout analyser, et donc à tout détruire.
Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?
« Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. »
Racontez-nous votre Il était une fois… une maison d’écrivains
Once upon a time… la maison De Pure Fiction. Un chemin lunaire balisé par un petit dolmen, des murs envahis de mousse et de chèvrefeuille, l’élégance des temps endormis ! A la fin du jour, ses jardins dessinent une masse dense, foncée, dont les reliefs se devinent dans l’ombre, montant jusqu’à une butte où le causse se colore d’un vert sombre. Le bonheur aime l’ombre et le secret.
Aux mots nature et horizon, à celui de Lot ou Midi-Pyrénées, par quels mots répondez-vous ?
Chênes et caselles, lépidoptères, dolmens, envahisseurs anglais, flaques d’eau où se reflètent des morceaux de ciel.
Vous ferez quoi Frank Deroche quand vous serez grand ?
Je serai médium, ma vraie vocation. Je pratiquerai le channeling. J’attendrai qu’une entité surnaturelle me dicte mes romans.