Menu de navigation

Maison d'écrivains (le Blog)

Sans pardon il n’y a plus de famille…

Sans pardon il n’y a plus de famille…

Nous étions les Mulvaney – Joyce Carol Oates – Editions Livre de Poche

« Etrange, se dit Patrick. Lui, Patrick Mulvaney, était le frère de cette jeune femme : toute leur vie consciente ils avaient été frère-soeur, plus proches l’un de l’autre sur le plan génétique qu’ils ne l’étaient d’aucun de leurs parents. Il avait pourtant l’impression de ne pas connaître Marianne du tout. Il l’aimait mais la connaissait à peine.

Ceux qui ont vécu ensemble dans l’atmosphère passionnée de la vie familiale se connaissent à peine. La vie y est trop immédiate, en gros plan. C’est le paradoxe. Le côté déroutant. » Si on a lu Les chutes, roman phare d’une auteure prolixe, cette nouvelle histoire d’une famille, les Mulvaney, vient appuyer là où Oates excelle, écrire les failles, raconter les lézardes qui font et défont les liens unissant les êtres nés d’un même sang, élevés sous un même toit, qu’un événement soudain va éloigner sans que rien ne les sépare pourtant. Dans cette histoire, c’est la perte d’une innocence qui va détruire une fratrie, faire d’un père aimant, une brute, et d’une mère fantasque, une plaie ouverte. Et quelle figure que cette mère, tout le talent de Joyce Carol Oates éclate dans ces strates où nait son personnage. De silences en colères, d’évitements en rendez-vous espérés, c’est la société américaine qui nous est livrée là, colosse au socle d’argile, qui juge sans réparer, condamne sans jugement. « Il était sidéré par la colère qu’il éprouvait. Elle avait explosé si brutalement, venue… d’où cela ? Une possibilité terrifiante lui vint à l’esprit : notre vie n’est pas la nôtre, elle appartient à d’autres, à nos parents. Elle est définie par les lubies, les caprices, les cruautés des autres. cette toile génétique, les liens du sang. C’était la plus ancienne malédiction, plus ancienne que Dieu. » Dans ces pages, il est question de pardon, peut-être le seul espoir afin que ceux qui se sont tant aimés et trahis s’apaisent. Mais pour cela encore faut-il survivre à la perte.

Nous étions les Mulvaney – Joyce Carol Oates – Editions Livre de Poche