Une ombre calcinée…
L’amour de Pierre Neuhart
Emmanuel Bove – Editions Point Seuil
On est là avec un homme dont la vie est «comme attristée par l’ombre toujours grandissante de ses espérances.» En une centaine de pages Pierre Neuhart va gâcher ce que l’on appelait encore il n’y a pas si longtemps, des espérances. Il le fera sans se donner trop de mal, sans rien s’épargner non plus. Lire Emmanuel Bove en plein été, c’est mettre un peu d’ombre sur une légèreté de saison! Ses romans disent une blessure et le désenchantement. Ils ont tout d’une eau dormante, qui attire et aimante. Seulement, la foudre bouillonne là-dedans, si profondément, qu’on ne la soupçonne pas, et puis le texte frappe, laisse sa trace, brûle. Les hommes de Bove sont maladroits, souvent ils se déçoivent. Ils incarnent exactement le feu sous la glace. Leur goût des femmes vénales n’arrangent rien à leurs affaires. Sans même avoir l’air d’y penser, les femmes de Bove exécutent, et les sentiments, et les passions. Les fameuses espérances, elles les foulent à leurs pieds puis s’en vont. L’écriture est ténue, incisive, elle tord tout, dissèque avec une délicatesse qui en devient brutale, jusqu’à en faire toute une histoire.
L’amour de Pierre Neuhart – Emmanuel Bove – Editions Point Seuil