Où des racines trouvent leur chemin dans son corps…
Yves Bonnefoy
Du mouvement et de l’immobilité de Douve
Editions Mercure de France
« L’été vieillissant te gerçait d’un plaisir monotone, nous méprisions l’ivresse imparfaite de vivre. Plutôt le le lierre, disais-tu, l’attachement du lierre aux pierres de sa nuit : présence sans issue, visage sans racine.Couverte de l’humus silencieux du monde, parcourue des rayons d’une araignée vivante, déjà soumise au devenir du sable et tout écartelée secrète connaissance. Parée pour une fête dans le vide et les dents découvertes comme pour l’amour, fontaine de ma mort présente insoutenable. Je vois Douve étendue. Dans la ville écarlate de l’air, où combattent les branches sur son visage, où des racines trouvent leur chemin dans son corps – elle rayonne une joie stridente d’insectes, une musique affreuse.
Au pas noir de la terre, Douve ravagée, exultante, rejoint la lampe noueuse des plateaux.»