A livre ouvert avec Néhémy Pierre-Dahomey
Avec Rescapés son premier roman, prix Révélation SGDL, Néhémy Pierre-Dahomey a d’emblée su incarner la voix d’êtres qui en sont privés.
Combats le deuxième roman de Néhémy Pierre-Dahomey publié au Seuil est paru ce printemps. Où l’on suit Ludovic Possible et Aïda, les nommer déjà tient d’une promesse flamboyante.
Crédit Photo : Franceso Gattoni
Racontez-nous où commence un livre
Suivant qu’on le lit ou qu’on tente de l’écrire, un livre commence avec le nez. L’odeur de la page quand on le lit, l’intuition très vague qu’on sent de lui, si on doit l’écrire. À part l’oreille et les yeux, je crois que le nez a une grande importance pour un livre qu’on choisit vraiment de lire, ou peut-être d’écrire.
Avez-vous des rituels d’écriture ? Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de « quand on écrit »
J’écris le matin au réveil, ou l’après-midi après la sieste jusqu’à tard le soir. Comme si j’avais besoin de me refaire une virginité perceptive avant de me lancer. Ce qui fait que j’ai souvent un café à côté de moi. Quand j’oublie un fond qui reste froid dans la tasse, ça veut dire que l’écriture m’a absorbée, et c’est un bon signe de suspension.
Ce temps a donc pour moi le goût d’un reste de café froid qu’on retrouve avec satisfaction.
Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors ?
Je suis plus souvent les personnages que l’auteur. Je lis lentement et à haute voix dans ma tête. Alors j’écoute, et je renifle. Je suis encore, étant seulement primo-romancier, un lecteur qui écrit.
Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?
J’ai des phrases préférées :
« Beau corps dont la squelette séduit la peau, tu t’en vas tango d’os dans le fleuve des regards » (Wilhems Edouard) / « Attention camarade, la poussière te marche sur les pieds ! » (Georges Castera) / « Aime moi, comme une maison qui brûle » (Georges Castera) / « Non, la terre est à personne ! » (Paul Eluard). Et de nombreuses encore. Si je devais être une phrase, je voudrais être l’un de mes nombreux vers préférés.
Racontez-nous votre Il était une fois… une maison d’écrivains
Cela viendra sûrement après, le temps de prendre de la distance, avoir une
perspective – Il était une fois, j’aurai sûrement été heureux, transcendé d’être là.
Aux mots nature et horizon, à celui de Lot ou Occitanie, par quels mots répondez-vous ?
Lot-et-Garonne, Agen, Toussaint Louverture. Maintenant, évidemment, la maison De Pure Fiction. Je réponds moments forts qui tombent à point. Deuxième roman. Crainte et extase.
Vous ferez quoi Néhémy Pierre-Dahomey quand vous serez grand ?
Je crois que j’enseignerai quelque-chose. La danse, la couture, le théâtre, la
philosophie. Quelque chose que j’aurai appris entre temps. Mais surtout pas la littérature, en cela je veux rester élève plutôt que « maître ».