A livre ouvert avec Alexandre Bergamini
Dans la chambre noire d’Alexandre Bergamini, il y a des paysages nus et gorgés d’une sève, des images qui seraient une argile blanche. Il écrit, apprivoise les chevreuils et passe au tamis de son regard la poésie d’un monde grandeur nature.
Racontez-nous où commence un livre
Il commence dans le désert ou au fond du trou.
Avez-vous des rituels d’écriture ? Pouvez-vous nous dire ce temps suspendu de « quand on écrit »
Aucun rituel sinon l’interdiction de boire avant d’écrire.
Pas de suspension, mais un enfouissement, un plongeon en retenant sa respiration.
Quand vous lisez, vous êtes où, vous êtes qui ? Que se passe-t-il alors ?
Je lis pour le plaisir ou pour m’instruire. Pour le plaisir, sur une chaise longue au soleil, et je rêve que j’écris. Pour m’instruire, là où j’écris, je prends des notes tel un élève studieux.
Si vous deviez être une phrase quelle serait-elle ?
« Je n’ai rien à dire. Seulement à montrer. » Walter Benjamin.
Racontez-nous votre Il était une fois… une maison d’écrivains
» Combien je préfère le silence : cette tasse à café, cette table. Combien je préfère être assis dans cette salle vide, pareil à l’oiseau de mer esseulé perché sur un pieu au bord des flots. Je voudrais demeurer à jamais ici au milieu de ces simples choses, cette tasse à café, ce couteau, cette fourchette, choses en soi, et être enfin moi-même. Ne venez pas me déranger. Je vous donnerais volontiers tout ce que je possède pour que vous ne me dérangiez pas, pour que vous me laissiez rester perpétuellement assis à cette place, silencieux et seul. » Virginia Woolf dans Les Vagues.
Aux mots nature et horizon, à celui de Lot ou Occitanie, par quels mots répondez-vous ?
Je ne réponds pas, je me tais, je marche, je marche, et j’ouvre les yeux, et j’écoute.
Vous ferez quoi Alexandre Bergamini quand vous serez grand ?
Glenn Gould. Ou le danseur russe Sergei Polunin.