Tendre l’oreille et décrire ce que l’on voit…
Arno Bertina
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction pour son prochain récit aux éditions Verticales
Impossible d’arriver avec mes repères, notre façon française de vivre la famille, d’en faire ou non une valeur, d’en faire ou non la boussole de notre vie intérieure, dicter à Indura, la jeune congolaise, son attitude, celle qui serait la plus judicieuse, ou la plus orgueilleuse. Est-elle capable de cet orgueil, avec la vie qu’elle a eue jusqu’à présent ? Est-ce que lui demander de l’être ne revient pas à demander à un homme en fauteuil roulant de tenter un fosbury ? Juger, quel aveuglement. Parler de suite, et c’est la certitude de déconner plutôt que d’aider. Parler de suite et on entendra l’expatrié parler, que je n’ai pas trouvé dans les clients des bordels où travaillent ces très jeunes femmes ; qui est dans ma tête, dans ces valeurs reconduites sans examen, qui gouvernent toutes les pensées les plus rapides, les moins contrôlées. Alors seulement tendre l’oreille, et décrire ce qu’on voit.