Le clapotis de la pluie, de mon texte et de la polenta…
Paola Pigani
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
16 /
Les oiseaux ne se cachent pas
Ils vaquent
17 /
Je prends le chemin des eaux dormantes
Jusqu’à la fontaine cachée
Dans ce creux humide
Les arbres sont veloutés de lichen
Un peu plus haut je découvre une sorte de verger
Sans fruitier
Des arbres se tiennent proches
Ils s’embranchent les uns les autres
Je baptise ce lieu le bal des buis
18 /
J’écoute dans cette maison clapoter la pluie, mon texte et la polenta
C’est doux, chaud, froid, triste suivant les jours
Les murs se font oublier mais pas ce clapotis
Farine de maïs, eau de pluie et mots divers
Que peut-on faire avec cela?
Un fredon de courage
Un livre de papier
Un pain de silence?
Dehors des veilleurs à moitié nus
Portent le temps pour moi
Sans la présence des arbres
Je ne serai que fiction
Derrière les baies de verre
Il tremble un hiver singulier
Je lâche souvent la corde des heures dures,
Le travail,
Je vais m’embouer sur des chemins perdus
Me laisser faucher par la pluie, un début de phrase, la vanité du roman
Je ne suis pas venue ici pour me mettre à l’abri.
19 /
Nourritures terrestres : ici au retour de mes balades, je bois un chocolat De Pure Fiction: une cuillère de chicorée, une cuillère de cacao amer, de l’eau bouillante, un peu de crème. Je mange aussi du pain de pure fiction: levure, sel gris, farine semi complète et eau de pluie du causse. Un pain qui ressemble un peu à la pierre d’ici. Il y a aussi l’omelette De Pure Fiction: 3 oeufs frais (parvenus jusqu’à moi entre les mains d’Isabelle) battus avec une cuillère de crème ou de lait, deux pommes (du marché de Limogne ) en lamelles, revenues dans un peu de beurre salé et de miel.