Mes yeux mon corps en écriture…
Paola Pigani
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
4 /
Le soleil s’ébroue entre les arbres
Pénètre la maison jusqu’à venir
Signer l’ombre du stylo
et de mes doigts pliés dans leur effort très doux
L’écriture sur la page
Se lève enfin
5 /
Il est des chemins de pierre proches des chemins de prière
Je ne cherche pas à toucher l’horizon
Mes yeux mon corps en écriture marchent
Chaque arbre croisé donne sa chance à la lumière
Aucun ne l’en empêche
Les mots se dressent pareils
Dans le silence et la vie
Traversés de toute part
S’ils résistent
Ils s’enracinent
Deux calvaires à moins d’un kilomètre de distance
Deux puits immenses
Tout pour la soif
Sur l’autre versant de la vallée du Lot
Une ligne de feu écrête la forêt
Je ne cherche pas à toucher l’horizon
Juste l’air que traverse l’oiseau
J’écris jusqu’à épuisement de la lumière derrière la vitre
Je dois m’habituer à écrire dans le noir aussi
Je veux dire sans regarder les traces que je laisse
Chaque chapitre est un champ en jachère
Je ne suis sûre de rien
Je n’écris pas pour la postérité.
Cherchez, cherchez, oiseaux
Jules Supervielle
6 /
Des miettes
De phrases
De pain
Des pépins de pomme, de poire
De parcours dans le récit, la narration
Des épluchures de potimarron, céleri, oignon
Des raclures de textes
Des chutes
Des mots qui s’éparpillent, se rassemblent, clapotent, infusent