C’est à moi de décider si j’ai mal…
Per Petterson – Pas facile de voler les chevaux – Editions Gallimard
Un père va dire à son fils de quinze ans « C’est à toi de décider si tu as mal. » Et d’une certaine façon ces mots vont décider de la vie du jeune garçon. Quand le livre commence cinquante ans ont passé. L’ancien adolescent a depuis perdu sa pureté et la force qu’elle donne. La vie est passée par là, qui a dérobé, détruit même, tout ce que Trond, quinze ans, possède de précieux alors qu’il passe seul avec son père un été dans la nature en Norvège près de la frontière suédoise. La foi en un homme, son père, et la confiance qu’elle lui donne. Cette confiance perdue le laisse sur un qui vive d’autant plus violent qu’il est silencieux. « Je n’ai plus très envie de bavarder avec les gens. je ne sais pas trop quoi leur dire. C’est en partie pour ça que je vis ici. Une autre raison, c’est la forêt. Il y a bien des années, elle avait pris dans ma vie une place que rien n’avait pu lui disputer. Et puis pendant très longtemps, je n’y ai plus pensé. Mais quand le silence s’est fait autour de moi, j’ai compris à quel point elle m’avait manqué. C’était devenu une obsession ; pour ne pas mourir moi aussi, il me fallait retrouver la forêt. C’est le sentiment que j’ai eu ; c’était aussi simple que cela.» Toute l’histoire est de retourner dans le passé sans qu’il vous absorbe au point d’en annuler le présent. Que s’est-il passé au cours de cet été 1948 ? Quel évènement a voulu que ces jours limpides soient les derniers d’un père et son fils ? N’aurait-il pas fallu alors décider d’avoir mal ? La question hante Trond dorénavant au seuil de la vieillesse quand il n’est jamais tout à fait revenu de son enfance.
Un roman élégiaque, épris de la nature, la nostalgie qu’elle peut receler.
Per Petterson – Pas facile de voler les chevaux – Editions Gallimard