Comme les signes d’une grâce…
Tanguy Viel
lors de sa résidence d’écriture ce printemps à la maison De Pure Fiction
Ce que je cherche depuis presque un mois, depuis que j’ai vu ce chevreuil vaquer si longuement sous mes fenêtres, revu ensuite si souvent, ce que je cherche, c’est la nature de l’émotion qui m’a tenu à chaque fois, à l’instant surtout du surgissement de l’animal. Je me dis : quelque animal que j’ai pu contempler dans un zoo, je n’ai jamais eu ce sentiment et alors je me dis aussi : ce n’est donc pas l’animal en lui-même qui me touche tant au coeur mais peut-être quelque chose de plus grand que lui, quelque chose dont il serait seulement l’ambassadeur ou même la métaphore vivante, quelque chose : le silence boudeur de la nature qui soudain condescendrait à envoyer l’un des siens, acceptant ponctuellement de rouvrir le dialogue avec nous – nous qui l’aurions assez rompu pour nous émouvoir d’un chevreuil dans un sous-bois, nous qui aurions si peu désormais le sentiment de lui appartenir que ses manifestations nous seraient comme les signes d’une grâce quelques instants accordée ou pire encore : une absolution.