La vitesse des arbres immobiles… (suite 4)
Shmuel T. Meyer
lors de sa résidence d’écriture ce printemps à la maison De Pure Fiction
8 mai 2017 (librement inspiré par qui vous savez, l’immense génie d’Elsa, le méchant de Staline)
Il y avait la cohorte de la haine à l’haleine chargée
Le faux nez d’un Doriot, d’un Déat en veste de velours
Je chante la domination violente de la liberté sur la moisissure
L’anéantissement de cette merde pourpre
L’anéantissement total de cette merde brune
Mai multicolore
Qui brûle les oripeaux de la charogne noire
Abandonnez, la nuit, la peste et tous leurs barbelés
Dressons nous, barricades fraternelles
Nous sommes le chant et le rire
L’étoile et les oiseaux
Feu sur les Pen
Feu sur le collabo
Feu sur tous ces fronts de la férocité
Feu, feu, j’entends les os brisés de tous ces dictateurs
Qui dansaient le soir avec les SS
Qui dansaient le matin avec les geôliers de Caracas
Plus loin, plus loin à l’est, les aigles gavés du Kremlin
Vous êtes l’abjection
Le lisier des nations
Enfant d’Oradour, de Katyń, d’El Guayabo
Paris a vomi les tyrans et les caudillos
Nous sommes la patrie libre
Le carrefour scintillant où brûlent vos carcasses
Nous sommes la rue fière du soleil
La mémoire vivante de Valmy, du Vercors, de la MOI
Nous sommes les kiosques gorgés de musique
Nous sommes les femmes têtes nues
Les hommes libres d’aimer
Les enfants qui récitent Éluard, Celan et Mandelstam
Ceux qui ont résisté à vos autodafés
Nous étions la cendre et vous étiez la flamme
Nous serons les Phoenix de notre liberté.
J’ai écrit toute la nuit. Je suis froissé de toutes
mes ratures.
Au mitan de rien, du froid peut-être lorsque j’ouvre porte et fenêtre
De la brûlure de cigarette.
Je n’ai pas de parole d’encre noire.