Et la boucle… n’est pas bouclée…
Shmuel T. Meyer – Le périmètre de l’étoile – Editions Gallimard
Cela débute par un shampoing et une coupe rafraîchissante au rasoir dans le salon de coiffure de Shlomo Weinberg. Père et fils côte à côte « des jumeaux capillaires » mais voilà la guerre des Six-Jours passe par là ou plutôt une balle perdue et c’est ainsi qu’un jeune garçon se retrouve chez un coiffeur pour dames ! Pas exactement à sa place…
Le périmètre de l’étoile est tissé de quantité de destins qui finissent par former un patchwork avec ses couleurs, sombres et éclatantes, ses formes, arrondies et obliques, ses coutures qui sont autant de « rêves de femmes et d’hommes qui en Israël, chaque matin, se lèvent en espérant comme tout le monde un café au lait. » Bien plus que des nouvelles qui se succèdent, ces pages sont le roman d’un peuple, et si l’auteur semble s’incarner tour à tour dans chacun de ceux dont il conte l’histoire, c’est grâce à sa science du détail, souvent charnel, organique, voilà un livre que l’on respire et savoure, il laisse sur la langue un goût subtil et l’on se dépêche de le retrouver dans la prochaine histoire, une nouvelle entrée toute d’aventure et de quotidien d’un pays en proie à la guerre, à ses cauchemars, à des songes anciens, l’impossible quête. « Luna Lévy voulait tout savoir. Au fil de la conversation elle se mit en tête de me prouver que notre petit peuple était une grande famille, que nous vivions tous dans un minuscule appartement aux cloisons fragiles et poreuses qui ne dissimulaient ni les larmes, ni les cris, ni les joies de ses occupants. Nous étions, selon elle, une nation de frères et soeurs, de tantes, de neveux, une étoffe aux mailles serrées, et Dieu dans son esprit lançait la navette pour tisser toujours plus de liens. » Shmuel T. Meyer dédie son livre « Au petit peuple de ma maison. » Et la boucle… n’est pas bouclée, elle ne fait que commencer.
Shmuel T. Meyer – Le périmètre de l’étoile – Editions Gallimard