Dans la ville d’entre les causses…
Emmanuelle Pagano
lors de sa résidence d’écriture à la maison De Pure Fiction
Je n’ai pas voulu attendre la fin de ma résidence pour retourner voir mon oncle dans la ville d’entre les causses. Refusant de s’alimenter, de parler, de boire, arrachant les sondes et les perfusions que les infirmiers introduisaient dans son nez et ses veines pour tenter de l’hydrater et le nourrir, je savais qu’il ne survivrait pas au-delà de mon séjour au Grès bas. Je voulais lui dire au revoir dans quelques jours, pour Noël, mais cette fois mon oncle ne m’a pas attendue et, dans une matinée de soleil et de reflets, j’ai remonté le Lot de Calvignac à Capdenac, pour assister à la crémation de son corps au Complexe Funéraire du Rouergue et du Quercy. En revenant, je me suis écartée de la rivière pour faire de l’essence, et je me suis perdue, jusqu’à traverser un village appelé Ceint d’Eau, comme si la fumée de mon oncle m’adressait un dernier signe à écrire.