Dévouée, zélée, dangereuse…
Au commencement était la vie
Joyce Carol Oates – Editions Folio
On n’en a jamais finit avec Joyce Carol Oates. Ce bref récit d’une vie cramée réussit, d’une écriture virtuose, à nous livrer la rage, la détresse et l’espoir d’une, qui par quelque bout qu’on la prenne n’est que blessures. Kathleen Hennessy, grasse, les yeux louches, les seins comme des outres, une toute jeune fille au début de cette histoire, une toute jeune femme à la fin, à sa fin.
Entre temps le carnage.
Un père qui la bat à mort – sa petite soeur y passera -, une mère adoptive partie en fumée dans un incendie criminel – il réserve au lecteur une surprise de taille – et un piteux amant, le plus sûr des abimes. Kathleeen en bonne victime, soigne, panse, répare, aide-soignante dévouée, zélée… dangereuse. Elle aura beau égrener son chapelet, le courant d’amour dont elle est avide et qui la fait suer, la rendant impavide, la submerge faisant d’elle un massacre. « Qui d’entre nous est capable de désigner avec une certitude absolue le moment exact où a eu lieu un événement bien précis ? Cet instant où tout a convergé pour vous sauver la vie ? Qui d’entre nous peut donner au destin un visage humain ? »
Pas Kathleen Hennessy.
Au commencement était la vie – Joyce Carol Oates – Editions Folio