Pour ceux qui aiment qu’on leur raconte des histoires…
Je viens – Emmanuelle Bayamack-Tam – Editions P.O.L
Ce roman s’ouvre sur la parole du narrateur, une petite fille noire adoptée dans une famille aisée, vient ensuite la grand-mère, artiste narcissique et enfin la mère, que l’on découvre mal aimée.
Ces trois femmes sont admirablement campées tout autant que les hommes qui habitent leur vie, morts ou vivants.
L’horreur de la vieillesse, thème de Pauvres morts est finement analysé, les mensonges petits et grands que chacun égrène au long de sa vie, la futilité de la gloire, le narcissisme des uns et des autres, la vénalité, les faux bons sentiments, le racisme larvé et le profit que peuvent en tirer les peut-être victimes, les poncifs de l’amour familial, les rêves fracassés de l’adoption, tout y passe, sans complaisance, mais sans hargne. Ce roman nous emporte dans la vie tragiquement drôle de ces trois générations de femmes.
L’humour à chaque page est un grincement.
Aucun sujet n’est tabou, personne n’est épargné, le regard est aiguisé, les descriptions au scalpel, les êtres sont attachants grâce à leurs failles, aucun jugement mais une lucidité terrifiante. Le style soigné nous emporte dans ce roman dont on regrette qu’il ne nous plonge dans une quatrième génération. A lire par ceux qui aiment les histoires. A lire par ceux qui aiment le style. Un roman magistral.
Je viens – Emmanuelle Bayamack-Tam – Editions P.O.L