Les élancements aigus du passé…
Le bleu de la nuit
Joan Didion – Editions Le Livre de Poche
Découvrant Joan Didion et son chagrin avec L’année de la pensée magique, dans lequel elle écrivait la disparition brutale de celui avec lequel elle partageait tout, on la retrouve dans ce nouveau récit d’un deuil impossible, celui de leur fille, tout juste mariée et qui rejoint son père dans les abîmes. Comment on continue ? Comment fait-on avec ça ? Dans une narration singulière, fragmentée, qui épouse les méandres de sa mémoire, Joan Didion dit un avenir consenti en s’attachant à ses souvenirs, autant de scènettes, de réminiscences lancinantes : « processus qui fait que la conscience de cette fuite du temps – de ce ralentissement permanent, de cette solitude qui s’effrite – se démultiplie, se métastase, devient la texture même de la vie ? Le temps passe. » C’est parfois dans le futile, la couleur d’une robe ou l’inattendu, la rencontre d’une presque inconnue que surviennent les élancements les plus aigus du passé.
Joan Didion dissèque, il y a des doutes, une violente lucidité, il y a des fantômes, et il y a la vie.
Le bleu de la nuit – Joan Didion – Editions Le Livre de Poche