Dire la beauté et la souillure…
Un territoire
Angélique Villeneuve – Editions Phébus
Disons le tout net, avec Un territoire, on est en terrain littéraire comme rarement aujourd’hui. Pour raconter ce destin d’une femme au prime abord maudite, l’auteure trouve les mots dont on se dit les lisant, à la fois impressionnée et ravie, qu’il ne pouvait y en avoir un autre; pas un plus juste pour dire la beauté et la souillure. Un nouveau coeur simple. Où comment le présent farci de passé – un verbe qu’Angélique Villeneuve aime, farcir – charrie ici des souvenirs qui empoignent et la mémoire, et nos tripes. « Il est si lourd son lit, presque mort. Certains jours, on dirait qu’il s’est déjà résigné. Elle pourrait s’y allonger, alors, le ciel tomberait sur sa figure en un gouffre plat. » On va suivre dans ses méandres la pensée parfois nauséeuse, souvent lumineuse d’une femme sous le double joug d’un garçon et d’une fille qui ont mal grandi et le lui font payer. L’amour entre ces trois là, abîme beaucoup et bientôt, un secret sourd d’eux. « Est-ce un si grand désastre de penser qu’on n’aime plus personne, qu’on est vidé des autres. » On n’a pas encore terminé Un territoire, que l’on pense aux autres romans d’Angélique Villeneuve dont le plus récent Les fleurs d’hiver vient de paraître. Tous sont à notre chevet, tous sont un rendez-vous.
Un territoire – Angélique Villeneuve – Editions Phébus