Rendez-vous est pris avec un gentleman…
L’aiguille creuse
Maurice Leblanc – Editions Livre de Poche
Relire Arsène Lupin, c’est retrouver ses treize ans, retrouver ces heures lentes de la lecture et de l’adolescence. On y revient sur la pointe des pieds. Relire ce que l’on a le plus aimé est au moins aussi périlleux que donner rendez-vous à un premier amour. Ce qu’il y a de bien avec la littérature, la vraie, c’est qu’elle ne nous déçoit pas. Elle ne donnera pas au passé le goût amer du « never more », elle relie tout. On l’a aimé, on l’aime, on l’aimera notre gentleman cambrioleur. A retrouver L’aiguille creuse, on cherche vite dans sa bibliothèque où sont les autres, La demoiselle aux yeux verts ou Le bouchon de cristal, les Lupins de notre jadis, on les savoure, on les parcoure comme on mord dans une madeleine, en avançant doucement vers le coeur, gonflé et moelleux. On est un peu, beaucoup, Lupin et ses amoureuses, toujours différentes, toujours tellement la même. Ses ennemis sont naturellement nos ennemis, même si l’incandescente jeunesse de celui de L’aiguille creuse séduit. Tout est farce, tout est enlevé, et il y a le mystère.
Ah le mystère… plein et entier, presque ineffable. Dans un château, dans une crypte et sur les falaises d’Etretat, rendez-vous est pris avec un gentleman, et on est rudement bien.
L’aiguille creuse – Maurice Leblanc – Editions Livre de Poche