Belle, de jour et nuit…
Les nuits mélangées – Léa Lescure – Editions Kero
Aucune aménité, aucun jugement non plus chez Léa Lescure envers son personnage, Manon, qui nous raconte ses nuits mélangées. Troquant son prénom de baptême pour celui, selon elle plus suggestif, d’Irina, la jeune femme se prête sans se donner à qui la paye. A qui la souhaite assez pour qu’elle se glisse dans le désir d’autrui, loin, très loin du sien. «Manon se résolut pour son confort à accueillir une vague de mélancolie portant abstraitement sur le genre humain.»
Un premier roman à l’écriture coupante et faussement détachée qui tient la gageure de nous lancer sur les talons d’un être quasi désincarné alors qu’il y est question de charnel. L’héroïne est comme étrangère à sa jeunesse qu’elle ne brûle pas et qui la consume, voire, la consomme. «Elle le touchait, silencieuse et concentrée, se demandant à chaque mouvement comment on faisait, déjà, quand on ne ciblait pas le rendement.» Assurément, Léa Lescure sait dire un corps qui se tait, et son cri.
Dans cette histoire, les quelques incursions dans l’univers familial de Manon apparaissent finalement presque plus crues que les étreintes consenties. Les nuits mélangées ou la radiographie d’une vacance.
Les nuits mélangées – Léa Lescure – Editions Kero