J’y retrouve une enfance exemplaire…
Françoise Sagan
Et toute ma sympathie
Editions Julliard
« Je reviens souvent dans ce pays et je l’admire. Il y a ces causses interminables qui passent, le soir, du rose au mauve, puis au bleu nuit. Il y a cette vallée si verte coupée d’un fleuve si gris, ces cyprès bordant les ruines. Je n’y retrouve pas une enfance détériorée, j’y retrouve une enfance exemplaire qui introduit dans ma vie une sorte de temps au ralenti, le même temps au ralenti que j’y passais jadis, un temps sans cassure, sans brisure et sans bruit. Demain sera un jour pareil à aujourd’hui. »
« Les causses de pierres succèdent aux causses de pierres, ne s’ouvrant à regret que pour laisser la lente glissade duLot »
« Les Causses pour moi, c’est la chaleur torride, le désert, des kilomètres et des kilomètres de collines où seules émergent encore des ruines de hameaux que la soif a vidés. Les Causses, c’est un berger ou une bergère qui passe ses journées solitaire avec ses moutons… C’est l’extraordinaire tranquillité d’esprit, l’extraordinaire et fréquente gaité de ces solitaires perpétuels. »
« En bas des causses, c’est le village qui s’appelle Cajarc, où mes arrière-arrière-grand-mères et ma mères sont nées. Dans ce village du Lot où il fait froid et beau, où un feu crépitant toute la nuit au pied de mon lit… là-bas, tout me plaisait et tout me réchauffait l’âme. Je redécouvrais tout. Il n’y a pas d’âge pour réapprendre à vivre. On dirait qu’on ne fait que ça toute sa vie. »