Nous l’appellerons l’Anima…
Anima – Wajdi Mouawad – Léméac – Actes sud
Heureux ceux qui n’ont pas encore ouvert le dernier roman de Wajdi Mouawad… Je les envie.
J’envie le plaisir qu’ils ressentiront page après page, jusqu’au dénouement. Je ne vais pas dévoiler l’histoire, il est important de rester vierge devant les chefs-d’oeuvre, mais simplement raconter une expérience de lecture.
Dès les premières pages, j’ai ressenti le besoin de partager ce texte. Je ne croyais pas ce que je lisais. Mon compagnon – d’abord perplexe – et moi, avons donc lu à deux, à tour de rôle, à voix haute, chapitre après chapitre, nous livrant à un marathon des mots. Il était tard. C’était un chant de nuit où l’un plongeait, les yeux clos, dans les images que l’autre faisait apparaître. Il fallait des pauses, et parfois même répéter pour laisser la beauté ou l’effroi nous imprégner. Pas question non plus de laisser échapper un seul mot, tant la langue est lumineuse, presque magique. A bout de souffle, les yeux brûlants, le coeur battant, nous avons atteint la dernière ligne, ébahis. L’état de choc littéraire existe. Nous l’appellerons l’Anima. En hommage. Anima : mot latin qui signifie souffle, âme, d’où vient le terme animal. Les voix que nous avons porté ne sont pas humaines, mais elles nous parlent de l’humain, du meilleur et souvent du pire. Sans juger, sans même penser à le faire, puisque d’où elles viennent ni le jugement ni la morale n’existent. Ne croyez pas que je vous parle d’un temps étranger. D’ailleurs laissez vos croyances au repos. Là où Wajdi Mouawad vous emmènera, vous n’en aurez pas besoin. Un autre monde s’ouvre. Vous en savez déjà beaucoup.
Anima – Wajdi Mouawad – Léméac – Actes sud