Je me souviens…

Anne-Sophie Monglon
lors de sa résidence à la maison De Pure Fiction

Je me souviens : les balades de mots avec Isabel, l’invraisemblable quantité de lichens sur les arbres, les bois morts en liberté, la rosée du matin sur les lierres en mangeant des kiwis de coteaux, les calcaires poreux, les petits cailloux noirs du jardin tels des obsidiennes, la lave craquelée de la table de travail lustrée par toutes les manches d’étudiants et d’auteurs qui s’y étaient frottées, luisante comme une eau gelée, généreuse comme une promesse, le cadre vide en attente de son œuvre en surplomb de la salle à manger, les seconds souffles d’écriture au cours de la journée, les réveils nocturnes pour la poursuivre. Pendant ces semaines moi aussi j’ai cessé de me désirer ailleurs.