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Maison d'écrivains (le Blog)

Le jeune homme et la mort…

Le jeune homme et la mort…

Thomas Mann  – La montagne magique – Editions Fayard

Osera-t-on le dire? Et oui on ose, lire La Montagne Magique c’est s’ennuyer un peu. Et l’accepter, tant il est vrai pourtant que ce livre agit tel un charme sur le lecteur ; tout comme le sanatorium en Suisse où son héros le jeune Hans Castorp vient visiter son cousin pour quelques jours qui deviendront des années. Et le temps s’étire, et les expériences de mort, d’amour ressemblent à une lèpre qui vient mordre de l’intérieur le jeune homme, trop sensible, impressionnable, languide et agité. Hans Castorp est un palimpseste, tout ce qui le composait s’efface d’abord ; au contact des habitants du sanatorium, médecins et malades, il se réécrit lui-même, se compose et se décompose, explorant les méandres du psychisme de chacun, perçant les ambiguïtés, il ne se dérobe pas à la vacuité des jours, à l’inanité d’une convalescence qui le mènera dans un autre tombeau tout de rafales et de ce nouvel abîme que creusent les tanks et le tir des canons, jusqu’à ensevelir un monde.

Peu après la parution de son roman, Thomas Man insistait sur l’inextricable lien entre vie et mort, s’attacher à la seconde c’est selon lui célébrer la première, ce à quoi il s’emploie de la première à la dernière page de son roman. « Si j’ai un souhait pour la renommée posthume de mon oeuvre, c’est que l’on puisse en dire qu’elle aime la vie, même si elle est au fait de la mort. Oui, elle est liée à la mort, elle est renseignée à son sujet, mais elle veut du bien à la vie. »

Cette nouvelle traduction, nous la devons à Claire de Oliveira, à côtoyer l’oeuvre elle y voit un : « pilier de l’édifice littéraire, trait tiré sur le passé, autobiographie déguisée, somme philosophique, parodie du roman de formation, roman du temps, monstre composite, à la fois faustien et wagnérien, danse macabre, démonstration par l’absurde, radioscopie d’une société en pleine déchéance physique et morale. » On serait envoûtés à moins, toute résistance est inutile, on lit jusqu’à la fin et elle emporte tout.

Thomas Mann  – La montagne magique – Editions Fayard