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Maison d'écrivains (le Blog)

Retournés comme des crêpes…

Retournés comme des crêpes…

Fannie et Freddie
Marcus Malte – Editions Zulma

Les fêtes approchant pourquoi ne pas offrir une compilation des novelas de Marcus Malte. Longues nouvelles ou brefs romans, elles ont en commun de nous attraper et de nous retourner comme des crêpes. Et pour ce qui est du tempo, l’auteur tient du maestro, ses personnages ont des caractères de roman noirs, ils sont seuls et pourtant ils sont doubles, taiseux et volontiers fatalistes.

Les histoires que l’auteur déroule staccato sont d’une simplicité biblique et cependant, toujours, elles déroutent, nous prennent à revers et nous laissent à la fin quasi pantelants. On repart alors dans le livre, on cherche, on a peur de comprendre. La mécanique des Hommes, c’est cela les livres de Marcus Malte. Et d’abord avec Fannie et Freddie dont la chute laisse on ne peut plus sur les rotules. Vous avez une insomnie, ouvrez Canisses (publié aux Editions de l’Atelier in8. ) Entrez dans la tête d’un homme perdu et son monologue qui explore le versant sombre d’une humanité hagarde. L’auteur écrit au pied de la lettre ce qu’est : aimer à la folie.

Il y a aussi Mortes saisons ( Editions le bec en l’air ) « Une belle et grande famille au complet, des racines aux rameaux, vaste composition généalogique, entité parfaite, une et indivisible, et l’on imagine qu’il en sera toujours ainsi, on n’y songe pas en réalité, comme s’il s’agissait d’un état naturel et indéfectible, père, mère, oncles, tantes, cousins, tous liés à jamais par le sang commun, la sève, soudés par les sentiments, l’affection partagée, et puis le temps passe et l’on s’aperçoit que non, il n’en est rien, un à un les êtres présents ne le sont plus, ils sortent du champ, sans bruit, en douce le plus souvent, chacun a ses raisons, toutes futiles, toutes valables, de l’arbre, ils se détachent comme les feuilles au vent, comme les fruits mûrs tombés ou cueillis ils s’éparpillent dans la nature, au fur et à mesure ils disparaissent et les vides qu’ils laissent à l’intérieur des cadres ne se combleront pas. On se retourne et que voit-on ? C’est à chaque fois davantage d’espace autour de soi, des marges qui gagnent… Tout nous échappe. Un jour il ne reste même plus personne pour prendre la photo. » Effet assuré sous le sapin de Noël !

Fannie et Freddie – Marcus Malte – Editions Zulma