L’évidente solitude
Partir, Calcutta – Dominique Sigaud – Editions Verdier
C’est une première, souligner ce que l’on lit, dès le dos de couverture du livre, le besoin de marquer ce qui nous marque : «Non pas fixer mais soulever, maintenir la suspension, ne pas décrire mais écrire.»
Une femme s’en va. Vers des palais à l’abandon. Elle est en Inde, elle est chez elle, à l’intérieur de soi, où le temps se dilate. Il pourrait l’écarteler, il va la rassembler.Lire Dominique Sigaud, c’est savourer une langue. Sa langue, la nôtre, qui nous traverse et nous transperce. C’est intense et dense, implacable et doux. Le pouvoir d’un livre est étrange, toujours il trouble, il fait advenir un sourire invisible que rien n’efface, qui tranche avec nos jours, vient bousculer une atonie et réconcilie beaucoup, presque en secret.
Partir à Calcutta avec Dominique Sigaud nous entraîne dans une rugosité bienvenue, on suit l’écrivain dans sa ligne droite pleine de méandres et d’inconnu. Jusque devant le Gange, «Ca pourrait se terminer là. Je suis soulevée. Déplacée. Agrandie. Survient un sanglot sec, irrépressible. J’ai déjà vu des fleuves immenses. C’est autre chose. Le chemin parcouru jusque là peut-être. Ce qu’il a fallu pour y être. Une mesure d’existence. Il serait impossible à quiconque de le mesurer. Un temps parcouru. De la perte. Un aboutissement; je serai ce que je serai.»
Partir, Calcutta – Dominique Sigaud – Editions Verdier