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Maison d'écrivains (le Blog)

L’insoutenable gravité de l’être…

L’insoutenable gravité de l’être…

Les révolutions de Jacques Koskas
Olivier Guez- Editions Belfond

Ca vous arrive souvent vous de glousser en lisant? Puis de rire bien franchement, ce qui ne manquera pas à mesure de la lecture des péripéties de Koskas anti-héros par excellence. Indéniablement attachant, émouvant et, c’est la force de ce roman, nous ne sommes pas dans la gaudriole même s’il en fait des cabrioles l’ami Koskas, nous sommes dans l’impermanence d’un être, son insoutenable gravité. Aventure picaresque, roman du coeur et de bien d’autres organes… il y a dans cette histoire un élan et une mélancolie, il y a la vie d’un trentenaire brouillon et intense.

« Il battait sa coulpe, lui qui avait pris la vie comme un pamplemousse et l’avait sucée jusqu’à la dernière goutte. Désormais ne restaient que les pépins, de très gros pépins. Tout n’avait été que plaisanteries et théories foireuses, brèves ruades et soumission à une liberté corrompue. Triste existence et dérisoire destin quand il le comparait à celui de ses maîtres, ces héros de jeunesse, dont il avait secrètement rêvé de prendre la succession mais n’avait singé que les travers : boire comme un trou, baragouiner huit langues, fouler les Commandements, vadrouiller, cultiver l’antithèse et le désabusement. A son âge Joseph Roth militait activement pour l’hyper-cosmopolitisme de la défunte Autriche-Hongrie, Arthur Koestler avait survolé le pôle nord en zeppelin, Elias Canetti était marié…»

On l’aura compris Koskas a quelques difficultés a affronter son intrinsèque incertitude qui lui dicte de se jeter sur toutes les croupes, ce qu’a pour lui de si précieux leur fondement.

On le suit au Brésil, à Berlin, on ne le quitte pas une seconde, et l’on n’a pas envie qu’il nous quitte tant ce roman est plein comme un œuf, savoureux, alerte, malin, irrésistible et réjouissant. « Je vais intenter un procès à mes parents pour vice de fabrication! Je vais leur demander des dommages et intérêts. En copulant de façon irresponsable, ils ont foutu ma vie en l’air! En janvier, je lance la procédure. Cette affaire fera jurisprudence. A mon avis, beaucoup de gens attaqueront leurs parents en justice… » Le lecteur, lui, bénit les parents de Koskas car à lire par le bout de sa lorgnette il fait bon être au monde.

Les révolutions de Jacques Koskas – Olivier Guez- Editions Belfond